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Le jeu excessif et les groupes ethnoculturels

Le problème du jeu excessif au sein des communautés ethnoculturelles est surtout un problème d’accès essentiellement attribuable aux barrières linguistiques.

L’ethnicité s’applique à tous les groupes culturels. Ce n’est pas le propre des communautés ethnoculturelles minoritaires.

LE PROBLÈME EST LE MÊME

Q : Pourquoi parler des jeux de hasard et des groupes ethnoculturels?

R : Le jeu excessif est le même pour toutes les cultures.

Le jeu est une activité universelle. À l’heure actuelle, la recherche révèle que le pourcentage de joueurs pathologiques est le même pour tous les peuples.

95 % de la population qui s’adonne au jeu le font de façon saine.

5 % des joueurs sont des joueurs excessifs.

1 % d’entre eux sont des joueurs compulsifs ou pathologiques.

« La proportion de personnes qui s’adonnent à des jeux de hasard dans les groupes ethnoculturels est semblable à celle des personnes qui s’adonnent à de tels jeux dans l’ensemble de la population. » (Étude de la FRT, 1996)

Cependant, il importe d’insister sur le fait que ce n’est pas le problème lié au jeu comme tel, mais plutôt le manque d’ accès à des renseignements et à des ressources qui risque d’aggraver le problème chez les membres de groupes ethnoculturels.

La prévalence du jeu au sein de la communauté chinoise de Toronto semble être inférieure à celle qu’affiche l’ensemble de la population adulte au Canada, et ce, en dépit des stéréotypes de prévalence élevée de jeu chez les Chinois. Étude réalisée par l’organisme Chinese Family Life Services (1998).

Il y a très peu de recherche qui se fait sur le jeu excessif et les communautés ethnoculturelles. Voilà pourquoi le présent site Web doit être considéré comme une « œuvre en évolution » et il sera mis à jour à mesure que les renseignements seront disponibles.

Les raisons pour lesquelles les communautés ethnoculturelles et multiculturelles s’adonnent aux jeux de hasard sont-elles distinctes?

Que les joueurs appartiennent à une communauté ethnoculturelle ou multiculturelle ou à la culture dominante, les raisons qui les incitent à jouer et les problèmes qui peuvent en découler sont les mêmes.

Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale, les gens venant de milieux culturels variés jouent pour les raisons suivantes :

  • Pour socialiser
  • Pour fuir leurs problèmes et l’isolement
  • Pour socialiser avec des membres des groupes culturels
  • Pour regagner leur statut social
  • Pour célébrer à l’occasion de festivals religieux

Le jeu est, pour tout le monde, un moyen de socialiser. Cependant, les gens de différents milieux culturels s’adonnent à des activités sociales et récréatives qui leur sont propres. De même, ils ont leurs préférences en matière de jeux de hasard. Dans la communauté italienne, par exemple, le jeu de cartes est très populaire, que ce soit à la maison ou dans les clubs sociaux. Les enfants de culture asiatique, quant à eux, apprennent à jouer au Mahjong, ou fan-tan, jeu traditionnel très simple consistant à compter des cailloux. « Fan » signifie « retourner » un objet, soit une tasse ou un bol, et « tan » signifie « répandre » les cailloux.

Quand nous parlons de jeux de hasard et de groupes ethnoculturels, il nous faut reconnaître la question de l’immigration – une vie en transition. Le stress supplémentaire qui s’exerce sur les nouveaux arrivants et les réfugiés pourrait rendre ces derniers plus susceptibles d’adopter un comportement problème comme échappatoire permettant la libération des sentiments de solitude, de mal du pays, de tristesse et d’angoisse.

Les gens de différents milieux culturels peuvent se servir du jeu pour reprendre le statut qu’ils ont perdu, pour avoir l’impression d’appartenir à la nouvelle communauté, pour faire partie de la foule, voire pour créer un sentiment d’« appartenance ». Cependant, le stigmate social lié aux jeux de hasard parmi les populations ethnoculturelles au sein de leurs communautés respectives pourrait empêcher les joueurs qui deviennent excessifs d’admettre l’existence d’un problème ou d’obtenir l’aide professionnelle dont ils ont besoin. Par conséquent, peu d’entre eux reconnaîtront qu’ils ont peut-être un problème lié au jeu et qu’il leur faut une aide de l’extérieur pour régler ce problème. Il finit par s’exercer une très forte pression sur les membres de la famille pour résoudre ce problème et assurer les soins nécessaires sur le plan financier, juridique et de la santé.

Il peut aussi y avoir un conflit des valeurs entre le jeu en tant que pratique religieuse ou culturelle et la pratique occidentale moderne de jeu en tant que divertissement.

Comme les jeux de hasard constituent une attraction touristique, les possibilités d’emploi pour les personnes multilingues au sein de l’industrie du jeu (casinos, salles de bingo, etc.) sont nombreuses. En raison de la disponibilité et de l’accessibilité des établissements de jeu, la fréquence de jeu excessif est élevée au sein de l’industrie du jeu.

Pourquoi alors parler des communautés ethnoculturelles et multiculturelles et des jeux de hasard?

Les communautés ethnoculturelles sont sous-représentées en ce qui a trait au traitement du jeu excessif. L’absence de services de counseling pertinents et adaptés à la culture conçus pour les populations ethnoculturelles dans diverses langues signifie que ces populations ne jouissent pas d’un accès égal aux services. Par conséquent, elles pourraient être plus vulnérables.

Au cours de la période allant du 1 er  juillet 2000 au 30 juin 2001, la Ligne ontarienne d’aide sur le jeu problématique a reçu 7 284 appels. De ces appels, 3 777 visaient une demande de renseignements généraux et 3 548, une demande à l’égard de services de traitement, dont 24, des services dans une langue autre que l’anglais. On a demandé des services dans les langues suivantes : punjabi, serbe-croate, vietnamien, mandarin, portugais, français, tamoul, espagnol, chinois, polonais, persan et allemand. Il existe aussi une demande à l’égard de la traduction, en d’autres langues, d’outils d’évaluation des risques et des besoins en matière de traitement des joueurs excessifs.

Selon le recensement de 1996 de Statistique Canada, les communautés multiculturelles de l’Ontario représentent plus du tiers de la population de Toronto, 8 p. 100 de celle de Hamilton, de Kitchener et de London ainsi que 3,5 p. 100 de la population de St. Catharines et de la région de Niagara.